Foisonnante et généreuse, l’œuvre de Remy de Gourmont compte un grand nombre d’articles critiques qui n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur, alors qu’ils représentent un instrument extraordinaire pour éclairer le débat culturel de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Le choix des textes proposés dans le volume entend attirer l’attention sur l’intérêt inlassable que l’auteur a porté sur les littératures étrangères et, en particulier, sur la littérature anglaise. Intimement convaincu que la littérature française n’existerait pas sans les échanges fructueux avec l’extérieur, Gourmont se fait le devancier d’une conception de la littérature que nous pourrions définir, en des termes tout à fait contemporains, transnationale, voire transculturelle. Dans un véritable vertige métadiscursif, l’auteur privilégie le plus souvent une critique au second degré, la critique de la critique étant sa pratique préférée, multipliant ainsi les points de vue et instaurant page après page un dialogue idéal avec le lecteur.
Michela Gardini est maître de conférences en littérature française à l’Università degli Studi di Bergamo. Elle est l’auteure de plusieurs essais et articles sur la littérature française moderne et contemporaine portant d’une part sur les rapports entre littérature et religion et les représentations du surnaturel, notamment à la fin de siècle et, d’autre part, sur le rapport entre littérature et justice. Elle a publié en 2015 Joséphin Péladan. Esthétique, magie et politique (Paris, Classiques Garnier).