Joubert écrivait : « Delphine et Amélie de Mansfield sont à mes yeux deux ouvrages épouvantables dont le nom seul fait frissonner mon souvenir. J’ai vu la Salpêtrière et la Révolution et, par une liaison d’idées dont je n’aperçois que le nœud, je crois toujours voir attachées aux caractères de ces livres la chemise des folles et la houppelande de Marat ». Madame de Genlis à son tour observait qu’à Paris, vers la fin du règne de Robespierre, « l’amour même ne fut pas épargné, on en fit un Dieu digne d’être adoré sous l’empire de la terreur, un Dieu féroce qui n’inspirait que des emportements frénétiques, et qui commandait toujours le meurtre et le suicide ».
La Révolution marquait les romans de l’époque, même si souvent ces romans ne parlaient pas des événements contemporains. Les contributions de Fabienne Bercegol, Benedetta Craveri, Michel Delon, Marie-Bénédicte Diethelm, Cornelia Klettke, Silvia Lorusso, Patrizia Oppici, Jean-Marie Roulin s’interrogent sur les formes de ce rapport, aussi inévitable et fort que subtil et oblique.
Silvia Lorusso enseignela littérature française à l’Université Aldo Moro de Bari. Ses recherches, qui concernent notamment le roman du début du XIXe siècle, portent un accent particulier sur le roman féminin. Dans ce domaine, elle a publié un essai intitulé Matrimonio o morte. Saggio sul romanzo sentimentale francese (1799-1833) (Lisi, Taranto 2005), ainsi que plusieurs articles dans des revues et des recueils collectifs. Son dernier travail est consacré à la figure et à l’œuvre de Sophie Cottin, Le Charme sans la beauté, vie de Sophie Cottin (Classiques Garnier, Paris 2018).